La bataille n'avait pas été des plus épiques, comme on pouvait l'imaginer dans un combat opposant des forces Cielsombroises et Lagranes. Pourtant, il y avait eu quelques pertes, beaucoup de fuites et pas mal d'idées farfelues pour éviter de se couvrir de sang. La dernière semblait promettre une clôture des plus sensationnelles, alors que les Cielsombrois dominaient :

« Préparez vous à mourir ! Quand tout sera écoulé, vous serez tués ! Ah ah ! »

Le rire moqueur des soldats résonnait sur la plaine, alors qu'il ne restait que peu d'opposants face à eux, bien en sous nombre. Ils étaient acculés et dans une situation délicate. Le compte à rebours avait commencé, symbolisé par ce grand sablier stylisé que tenait l'un des assaillants, et les grains, peu à peu, remplissaient la partie inférieure. Malgré la peur qui faisait trembler les forces lagranes, l'un d'eux s'avança, pris de courage ? ou de folie.
« Pardonnez moi mais... à quoi sert le petit crâne dans la partie supérieure de votre sablier ?
- C'est décoratif ! On sait qu'il fait peur à nos ennemis.
- Oui mais il me semble, si je ne me trompe pas, qu'il est un peu... gros ? »

La surprise traverse le regard des Cielsombrois. Bien sûr que que le crâne était gros, il fallait bien que les autres le voient, en sentant la mort approcher ?
« Et alors ?
- Et bien alors, s'il est trop gros, il ne passera pas la partie centrale, n'est-ce pas ? »

Chacun alors porta un regard sur le sablier, qui malgré la petite tête de mort n'avait pas cessé de voir son sable s'écouler en son sein. Au même moment, profitant de la déconcentration cielsombroise, les quelques lagrans restant commencèrent à reculer, puis pour les plus éloignés même, à se carapater. Le premier continua pourtant, légèrement hautain.
« S'il ne passe pas, vous ne pourrez pas nous tuer.
- Mais enfin, bien sûr qu'il va passer ! C'est fait exprès pour ça. Pas vrai ? »

Pas de réponse. Ce n'était pas eux qui avaient fabriqué le sablier après tout.
« J'en conviens, c'est une belle pièce, mais je vous assure messieurs que le crâne à l'intérieur ne passera jamais. »
Et pour preuve, alors que le dernier grain de sable s'écoulait, la tête de mort elle, ne descendit pas plus bas.
« Voyez ? »

Alors, celui qui tenait le sablier commença à le secouer, certain qu'en forçant un peu, cela passerait. Puis un second vint à son aide, jusqu'à ce qu'une bonne partie se concentre autour d'eux et que les autres les regardent de loin, intrigués.
Et aucun ne remarqua que tous les lagrans avaient pris la fuite.