Eudes

16 - Shinies
Tu dois te sortir de là très rapidement, tu adoptes donc la technique de déplacement la plus efficace : le zigzag à l'aveuglette.
Je sais, ce que j'ai fait est mal, mais que voulez vous, je suis faible face aux richesses. J'ai trahi les miens en quelque sorte, mais je suis resté fidèle à moi-même. Alors oui, clairement, tout ne s'est pas passé comme prévu, mais je ne suis pas mort. Piètre voleur que je suis, c'est une chose de savoir voler, d'être agile et de tromper son monde, mais c'en est une autre de savoir s'éclipser en beauté. Mon père disait que je n'avais aucun sens de l'orientation et mon père avait raison. J'avais l'air bien con, moi, en me découvrant devant le camp ennemi, mais au moins j'ai eu le don de les surprendre un moment. Naturellement la surprise n'a pas duré, j'ai été aplati contre terre, contraint d'embrasser la boue, les crottes et les vers, puis ligoté, j'ai été traîné jusqu'à leur chef, précieux butin avec. Je me suis alors excusé d'être venu les voir sans invitation. Ça leur a pas plus, j'aurai pas apprécié non plus, mais tout de même ces Ibéens n'ont aucun sens de l'humour... Je ne mentionnerai pas le traitement que j'ai subi, mais plus tard j'ai fini par supplier qu'on m'épargne, qu'on me laisse partir et qu'en échange ils pouvaient bien avoir tout ce que je transportais, mon précieux trésor. Et vous savez quoi, ils ont accepté de me rendre à mon campement, pas ce que j'aurais préféré, mais peut-être que j'arriverai à m'en tirer encore !

Guillaume

Qu'est-ce qu'il croyait, ce voleur, ce déserteur ? Que j'allais le laisser s'en tirer ainsi après qu'il se soit moqué de nous ? Sa vie, je la touchais du bout des doigts et j'avais déjà décidé que je m'amuserai avec jusqu'à trépas. Alors, pour lui retourner son humour, je me suis ri de lui et de sa touchante naïveté/et éc?urante lâcheté à prétendre à la liberté. J'ai pris le butin, comptant bien le partager avec mes hommes, je lui ai dit ce qu'il voulait entendre et au matin je l'ai mené jusqu'à la limite de notre camp. Au loin, on pouvait déjà apercevoir nos opposants. J'ai dit : « Tu les vois ? Va jusqu'à eux en courant, traverse la zone. » Il m'a regardé drôlement, peut-être avait-il saisi à cet instant qu'il ne parviendrait pas vivant jusque là. J'ai demandé de le détacher, de le laisser courir, et après cinq mètres de course en zigzag, j'ai dit à quelques hommes de bander leur arc et j'en ai fait de même. « À mon signal... Décochez ! » Cela aurait été moins drôle s'il avait couru droit, au moins là, il y avait un léger amusement. Mais l'amusement ne dura pas. Dans la seconde volée de flèche, il s'écroula, une flèche dans le cul. J'ai dit aux hommes de s'arrêter et me suis chargé de l'achever, lui, le voleur, le déserteur, qui tentait encore de zigzaguer est ainsi décédé. Et je doute qu'on le regrette, je n'ai d'ailleurs entendu aucun cri vengeur de l'autre côté pendant la sentence.