C'était un peu avant midi lorsque le Major Aluddin nous avait beuglé qu'un voleur avait piqué nos plans. Nous, on voulait bien se taper la conversation à savoir où, quand, comment et surtout pourquoi, mais lui, il était trop énervé et jugeait que retrouver le pillard était plus important. C'est comme ça que Sharan et moi on s'est retrouvé à survoler les dunes vers l'ouest. On voulait faire vite de le retrouver parce que les gens de Roc-Épine, ils se la jouent un peu trop neutres à notre goût à tous les deux. J'ai dit à Sharan qu'il devait être cocu et que sa femme devait bien s'occuper pendant son absence, parce que là, sous nos yeux, on a vu un fuyard vraiment louche. Déjà, il était pas bien malin avec sa cape noire alors que tout le monde sait que le désert, c'est jaune.

Quand je me suis posé devant, j'ai dégainé mon cimeterre façon coureur des dunes. Je me la jouais un peu pour l'impressionner. La femme - c'était une femme, et elle était magnifiquement rousse - a juste sourcillé avec un espèce de dédain qui m'a séduit directement.

- Espèce d'imbécile ! Vous pensez me faire peur avec votre épée courbée et votre pigeon géant ?!
- Non mais tu vas te taire, oui ?! T'es la chose la plus belle que j'ai vu dans tout le désert, c'est comme si le feu embrassait tes cheveux !
- ... Vous êtes dégoûtant. Un chien galeux dégoûtant.
- Juste... Ferme ta bouche, tu es tellement magnifique. Je pense que je vais mourir d'amour, là, maintenant.

On a dû la remettre au Major Aluddin, c'est sûr, mais je peux vous jurer que la serrer contre moi tout le long du vol a été l'expérience la plus fabuleuse de ma vie. Bon, sauf quand elle m'a mordu, mais l'amour vache, y'a que ça de vrai.